Écrit par Pierre Donard
«Faut qu’on se voit. C’est pas bon.» C’est par ce SMS qu’Antoine Bardet a appris au matin du 9 octobre que la justice venait de donner raison à Serge Grouard. Ainsi donc pour le tribunal, il avait commis «une faute» en créant à quelques mois des élections municipales le blog des “Amis de Serge Grouard”. Agé de 36 ans, «Monsieur Bardet a reconnu, qu’inscrit sur une liste rivale dans l’élection municipale -il figurait en 29e place sur la liste conduite par Jean-Pierre Sueur, Ndlr-, il avait développé le blog afin d’argumenter contre la liste de Monsieur Grouard.» Alors, “Fansolo” : manipulateur d’opinion ou comme il aime à le répéter, simple adepte de «blagues potaches jamais méchantes» ? En tout cas quelqu’un qui plus que tout, aime prendre les conformismes à contre-pied. Surtout à Orléans, dont il épingle le côté «petit bourgeois, froid et tristounet», mais qu’il ne désespère pas de «décoincer» à sa façon. En la matière, l’homme a du métier. En 1990, l’année de ses 18 ans, le jeune Antoine organise une manif’ avec quelques copains de terminale du lycée Pothier. Pas pour dire “Non” à une énième réforme gouvernementale, mais contre… les pin’s qui alors, envahissent les cours de récré.
«On en a écrasé des centaines place du Martroi !», confie ce fils de coopérants né au Maroc et arrivé très jeune à Orléans. Antoine Bardet décroche bientôt le bac C… puis enchaîne sur un bac A1. Et s’en tire par une boutade quand on lui demande aujourd’hui pourquoi. «C’est comme un évier : c’est toujours mieux quand il y a deux bacs», répond-t-il. Encore et toujours la diversion chez cet éternel enfant finalement «assez pudique» et qui se défend «de toute méchanceté» dans ses plaisanteries. L’année 1994 marque sa dernière rentrée à l’Institut d’études politiques à Lille et surtout, celle où il devient “Fansolo”. C’est avec ce pseudo qu’il commence de signer des articles pour des fanzines dédiés à La Guerre des Etoiles, dont il est un inconditionnel depuis ses 6 ans. Un clin d’oeil à Yan Solo, le contrebandier- pilote de la trilogie. Celui «qui répond “je sais” quand on lui dit “Je t’aime”.» En 1998 pourtant, le premier job d’Antoine Bardet ne laisse guère de place à la blague. Ce dernier devient rapporteur auprès de la cellule “Catastrophes naturelles” de la direction de la Défense et de la Sécurité civiles. Un 1er avril et aidé de quelques collègues, il trouve quand même le moyen de piéger un météorologue à qui il soumet d’un ton grave le cas d’une ville que rien n’a épargnée.
Pluies torrentielles, séisme d’intensité maximale, éruption volcanique… «Même le nom de la localité avait été inventé», sourit-il. Les années passant, l’ancien étudiant de Sciences po s’ancre dans la fonction publique. Moins par passion «que pour la sécurité de l’emploi», mais sans oublier de ressortir de temps à autres ce qu’il appelle son costume «de fou du roi.» Ainsi fin août 2003, quand il est responsable de l’Etat civil à la mairie de Créteil. Le gouvernement Raffarin jure qu’il lui est impossible de donner le nombre précis de victimes de la canicule qui s’est abattue sur la France. Antoine Bardet, qui préside l’Association des officiers délégués de l’état civil, envoie alors à l’AFP un communiqué pour rappeler que chaque commune adresse très régulièrement ses chiffres d’état civil aux services de l’Etat…
Jeune papa de deux petites filles, Antoine Bardet est revenu à Orléans voilà deux ans «par choix personnel.» Il y est devenu le responsable des moyens généraux du Centre de gestion de la Fonction publique territoriale. C’est là, depuis son bureau, qu’il a alimenté le blog des soi-disants “Amis” de Serge Grouard… Mais «toujours ou presque en dehors de mes horaires de travail », tente-t-il de nuancer. Avec cette histoire, la vie du blogueur-blagueur ressemble quand même à un mauvais rêve depuis quelques temps. Antoine Bardet est aujourd’hui dispensé de venir travailler mais continue de percevoir son traitement. Sûr que Pierre Desproges, un de ses maîtres à rire, aurait souri de l’absurde de la situation…


Superbe portrait.
Reste que ce soir, j’apporte la paire de jolies petites ailes d’ange pour lui coller dans le dos. Horza, je te confie la mission de la pose de l’auréole au dessus de sa tête.
Je précise que ce que je dis, c’est pour rire car, je ne sais pas pourquoi, je ne souriais qu’à moitié en lisant ton article tellement vrai y compris à propos du côté obscur… du boulot !
Affections démocrates !
Je suis heureux d’apprendre que fansolo continue de percevoir son traitement tout en étant exonéré de son travail. Tant mieux pour lui, ça l’aidera à payer ses amendes, tout en se consacrant à de nouvelles créations humoristiques.
Pas mal, finalement, d’être fonctionnaire !… Quel salarié ou petit patron du privé pourrait bénéficier d’un tel « traitement » ? Vive le Socialisme ! Où est-ce qu’on signe ?…
Minijack, es tu pour la suppression de la fonction publique ?
De nombreuses boites dans le privé ont des placards bien remplis faute d’éléments pour les licencier!
Pas besoin d’aller dans cette démarche peu constructive.
Comme minijack je pense que c’est super le placard du point de vue du développement personnel, de sa relation avec les autres. D’ailleurs on est payé à rien faire: J’adore. C’est le but de ma vie professionnelle. Je sais que j’y arriverai vu toutes les lamentables expériences que l’on me « prêtre »!
Ou alors est ce que le travail est aussi une forme d’épanouissement et d’enrichissement !
Non le pouvoir aux fainéants!
La question est :
Est-ce que Mini Jack bosse ou est-il déjà à la retraite et de quoi ?!… Peinture sur soie ?!…
Rien que pour t’embêter… Ben… Parce que tu as dit une anerie ! Parce que fonctionnaire territorial, ça veut dire quoi ? Travailler avec des politiques ! Tu vois ce que je veux dire ?!!!!! De tout bord, « on » a connu ça….
Affections Démocrates !
Moi, je retiens un élément du comm’ de Gabrielle, je le détourne, j’usurpe son idée, je m’amuse, et je finis par trouver qu’elle a raison :
Minijack, « peinture sur SOI ».
Oui, ça va très bien.